Le président du club des villes cyclables, Jean Marie Darmian, a rappelé que le club représente plus de 1000 collectivités et qu’il est lui-même
maire de Créon, ville de 39OO habitants située sur la voie verte de l’Entre-Deux-Mers et plus grand canton de France. Il est important que la
promotion du vélo s’inscrive notamment dans le cadre de la semaine de la mobilité car le vélo est un élément de cette mobilité et s’inscrit dans
une démarche partenariale et intermodale. Obtenir un résultat qui aille dans le sens de la contribution climat-énergie visant à une réduction
des gaz à effet de serre, c’est d’abord inciter à un changement personnel de comportement en matière de mobilité et c’est peut-être là que se situe le pas le plus dur à franchir. Et de rappeler que plus de 50% des trajets de moins de trois kilomètres se font en voiture, surtout quand l’absence de problèmes de stationnement (ex.: zones rurales) fait de la voiture une solution de facilité pour laquelle on ne se pose pas de question.
Pour parvenir à une évolution des comportements, les mesures d’ordre fiscal et financier peuvent constituer un levier important (cf. ce qui s’est fait avec la prime à la casse pour les voitures). Et d’abord la taxe carbone dont le but est bien de pénaliser cette forme de pollution
pour obtenir la diminution des émissions carbonées : dans cette optique, une partie du produit de cette taxe pourrait servir à développer la
pratique du vélo en France.
Parmi les propositions faites par les élus, il y a la création d’un crédit d’impôt ou d’un chèque à chaque accédant
à un premier vélo (200 euros au maximum, 400 euros pour un vélo à assistance électrique). Concernant l’utilisation de son propre vélo sur les
trajets domicile-travail, le club estime à environ 20cts d’euro le coût par kilomètre, si bien qu’à la place de la prime transport l’employeur pourrait
verser une compensation de ces frais à ses salariés cyclistes (cf. ce qui se fait en Belgique). Le club rappelle à ce sujet ce premier pas très
important que fut la prise en compte de l’abonnement à des services publics de location de vélos dans la participation des employeurs aux frais
de transport de leurs salariés lors de l’adoption de la loi de financement de la Sécurité Sociale à l’Assemblée Nationale. Il est significatif que ce pas reconsidérant la place du vélo au même titre que d’autres modes alternatifs à la voiture ait été franchi par notre représentation nationale.
D’autres pistes furent évoquées lors de cette conférence de presse, notamment les propositions faites par le club dans le cadre du plan de
relance: développement des parkings dans les gares, développement des véloroutes, accroissement des « flottes » de vélos (par exemple les
administrations). Le club a également souligné l’urgence qu’il y avait à revitaliser le Plan National Vélo (le vélo est aussi un outil de
développement). Quand on voit que, dans des métropoles européennes comme Copenhague ou Karlsruhe , la part du vélo oscille entre 27 et
35%, il y a encore de la marge en ce qui nous concerne : »notre marge de progression est énorme » rappelle Alain Jund, vice-président du club
et maire adjoint de Strasbourg qui aimerait porter la part modale du vélo à 20% dans sa ville (Alain Bucherie, administrateur du club et maire adjoint de La Rochelle, rappelle le caractère pionnier de cette ville avec les « vélos jaunes » lancés en 1974).
J’ai souligné lors de la réunion l’importance du stationnement notamment à domicile (absence de parking ou parking malcommode et insuffisant dans les immeubles collectifs), ce qui constitue un frein au développement du vélo (et explique par ailleurs en partie le succès de Velib).
Alain Jund m’a répondu qu’à Strasbourg, près du tramway, il est prévu par logement 0,5 place pour les voitures et 2 places de vélo, mais il faudrait un plan national.
Concernant l’éducation des jeunes (Jean Marie Darmian a développé dans sa ville le ramassage scolaire à pied ou à vélo : c’est aussi une
question de santé…), Gilles Pérole, trésorier adjoint du club et maire adjoint de Mouans-Sartoux – commune située sur la ligne régionale
réouverte (c’est rare pour être signalé…) de Cannes à Grasse, délégué à l’enfance et à l’éducation, m’a dit que la collaboration avec le
« Monsieur Vélo » de l’éducation nationale est au point mort.
Pour terminer, deux points:
d’abord, la nécessité d’aller plus vite dans la transformation du code (sont déjà obtenus et expérimentés les contre-sens cyclables, les zones de rencontre, les tourne-à-droite vélo aux feux rouges à Strasbourg);
ensuite, le problème du péri-urbain (dont j’avais publié un article dans la revue de la FNAUT) : on développe le vélo en centre-ville, en zone
rurale (véloroutes/voies vertes) mais entre les deux , cela devient de plus en plus difficile pour le cycliste: voies express, 4 voies, échangeurs,
zones encore interdites (!) comme les grands aéroports…
Lionel Favier, AUT Ile de France (FNAUT)