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Le thème des transports a mobilisé les candidats aux dernières élections comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Mais même sur les deux sujets vedettes que sont les tarifs et le Grand Paris, l’essentiel a-t-il vraiment été dit ?

Commençons par les tarifs. De la gratuité au maintien des 6 zones actuelles en passant par une zone unique à bas prix, on a assisté à une très grande diversité de solutions, cela s’expliquant par le fait que deux impératifs sont à concilier : la simplification et l’accessibilité pour tous d’une part, la capacité de financement et le maintien d’un standard de qualité d’autre part. Un compromis a été trouvé entre les composantes de l’alliance de gauche qui va diriger la région : on se donne deux ans de réflexion pour évaluer la faisabilité d’un forfait mensuel unique sur toute l’Ile-de-France que réclamaient Europe Écologie et le Front de Gauche (l’UMP quant à elle proposait de passer de 6 à 2 zones). Le tarif unique (Europe Écologie fixait sa « carte verte » à 65 euros) est théoriquement finançable, ne serait-ce qu’en compensant la baisse accordée aux zones périphériques par une hausse imposée à la zone centrale : une justification en est que les bénéficiaires d’une offre de transports plus dense devraient payer en conséquence. Mais il ne faudrait pas que cela crée une incitation de plus à l’extension anarchique de l’agglomération, cause de surcharge des réseaux de transport routier et collectif, de perte de temps et de pollution. Plutôt que de faire porter tout le poids de nos malheurs sur les transports collectifs, il faudrait d’abord chercher à faire en sorte qu’ils ne soient pas condamnés à courir éternellement derrière un urbanisme incontrôlé. Les schémas dits « directeurs » successifs étaient là pour ça : ils ont très mal rempli leur rôle, et la dernière version : le SDRIF de 2007, est mort-née. Hélas, la stratégie à appliquer en matière de gestion des sols est régulièrement occultée dans les débats.

Le Grand Paris a servi de cheval de bataille à Madame Pécresse, qui se faisait en cela le relais de la présidence de la République. La « grande pensée » est de muscler encore plus la super-capitale décrétée La championne de la France, pour qu’elle puisse tenir son rang dans la compétition avec New York, Londres et Tokyo. Cette volonté de privilégier la « gonflette » francilienne par rapport à un aménagement équilibré du territoire ne relève-t-elle pas d’une conception infantile et passéiste ? Pourquoi ajouter des problèmes aux problèmes avec une Société du Grand Paris qui apporte de nouveaux conflits, et un super-métro coûteux dont l’utilité est discutable, alors que tant de réalisations urgentes qui font consensus (voir le Plan de mobilisation lancé en mars 2009) prennent sans cesse du retard faute de moyens ?

Les élections sont passées, rien n’est résolu pour autant : si on continue à occulter certaines grandes questions relatives à l’aménagement de notre région et au-delà à celui du territoire, on continuera à passer son temps à essayer d’appliquer des emplâtres aux problèmes qu’on a créés.

Dessin de Jean-François Batellier